Traîner des filets sur les fonds marins pour attraper du poisson a récemment mené à controverse. Le chalutage de fond produit à peu près un quart des produits de la mer issus de captures sauvages mais il a l’impact environnemental de déranger les fonds. C’est le rôle des scientifiques que de mesurer l’impact environnemental pour que les décisionnaires et les gestionnaires puissent équilibrer le mieux possible la production alimentaire et l’impact environnemental.
Il y a cinq ans, une équipe internationale de chercheurs a publié un article (en accès libre) décrivant une nouvelle façon de quantifier l’impact environnemental du chalutage de fond sur l’habitat des fonds marins. Maintenant, dans un article publié aujourd’hui dans PNAS, ces mêmes chercheurs ont appliqué la méthode à 24 régions du monde et ont rapporté les impacts sur les plantes et les animaux vivant sur les fonds marins.
Comment quantifier l'impact du chalutage de fond ?
L’article de 2017 a créé une équation pour quantifier la relation entre la croissance de la population et le taux de reconstruction des espèces impactées, la taille et la fréquence des chalutages, et d’autres aspects quantifiables comme le type d’engin. Elle produit un statut relatif benthic (relative benthic status, RBS), une unité entre 0 et 1, où 0 est complètement effondré et 1 est non-chaluté.
Un score RBS de .95 peut être interprété comme: l’habitat du fond est à 95% celui de son état non chaluté.
Avec l’équation RBS l’impact sur les espèces serait beaucoup plus simple à prédire avec des données relativement communes—tout ce qui serait nécessaire serait de l’information basique sur la composition spécifique et des données sur la quantité de chalutage.
C’était une avancée excitante pour les scientifiques et les décisionnaires que d’avoir enfin une référence quantifiée avec laquelle il était possible de prendre des décisions de gestion. Des débats sur le niveau acceptable d’effondrement pouvaient enfin se tenir avec des rapports RBS généraux, plutôt que des rapports individuels par espèce.
Quel est le statut des fonds marins?
Maintenant, dans Pitcher et al. 2022 (accès libre), les chercheurs rapportent le RBS de 24 grandes régions marines autour du monde. Dans la figure ci-dessous, on peut voir la comparaison entre les différentes régions. 15 sur 24 d’entre elles avaient un RBS au-dessus de .90; des endroits comme l’Australie, la Nouvelle Zélande, les États-Unis, le Chili, et l’Afrique du Sud avaient tous un bon score, alors que l’Europe était un mélange. La mer Adriatique avait le RBS le plus bas de toutes les régions quantifiées.
Les résultats ne sont pas surprenants et s’ajoutent au grand tas de preuves qui montre qu’une gestion des pêches effective génère des produits de la mer durables. “Les résultats montrent que les pêcheries chalutières gérées de façon efficaces et durables sont associées à des régions qui ont un statut de fond marin de 0.95 ou plus.” Dit l’auteur principal Dr. Roland Pitcher, “les régions qui avaient des notes basses de statut de fond marin étaient des endroits où les stocks de poisson sont surexploités et ont des régimes de gestion inefficaces.”
Les régions sans données suffisantes étaient absentes de l’article, comme la plupart de l’Asie, où les données utilisées dans l’article n’étaient pas disponibles. Les preuves suggèrent que les impacts du chalutage de fond sont importants dans ces régions.
Cependant, d’après le Dr. Ray Hilborn (un co-auteur de l’article et le créateur de ce site), “Cette recherche est une étape critique pour avancer vers une estimation générale de l’impact mondial du chalutage, et la compréhension des étapes nécessaires pour améliorer la gestion des pêches, réduire l’exploitation, améliorer la durabilité des stocks et le statut de l’environnement des fonds marins. »
Max Mossler
Max is the managing editor at Sustainable Fisheries UW.