L’état des stocks de poisson de Grande Bretagne est meilleur que ce qui est dépeint par Oceana

Le mois dernier, Oceana a fait des vagues de l’autre côté de l’Atlantique avec État des lieux: L’état des populations de poisson de Grande Bretagne en 2023, un rapport qui a donné une image négative de la pêche dans les eaux de GB. Le rapport et le communiqué de presse ont mis de côté des éléments de contexte importants, ce qui a induit en erreur les médias grand public et les a menés à faire écho de leur récit pessimiste.

Le titre du communiqué de presse était, “La moitié des populations de poisson clé de la GB sont surexploitées ou dans un état critique” ce qui nécessite un peu plus d’examen. Deux variables principales déterminent la durabilité d’une pêcherie: la taille du stock ou la biomasse (B) et le taux de pêche (F). Les gestionnaires des pêches ciblent une taille de population qui produit le rendement maximum durable (RMD, dans ce cas, BRMD) et une intensité de pression de pĉhe qui produit le RMD (appelé FRMD).

D’après les définitions scientifiques traditionnelles, un stock sous le BRMD est considéré comme “surexploité,” alors qu’un stock pêché plus intensément qu’au FRMD “expérience la surpêche.” Un stock à la fois surexploité et qui expérience la surpêche n’est pas durable, mais les stocks qui atteignent l’une des deux cibles sont acceptables. Par exemple, si un stock est surexploité (i.e., sous BRMD) mais si la pression de pêche sur ce stock est sous FRMD, les gestionnaires feront leur travail pour reconstruire la population. Les stocks pêchés un peu plus intensément qu’au FRMD mais au-dessus de BRMD ne sont pas en danger immédiat—il y a simplement un peu plus de pression de pêche qu’il n’en faudrait pour maximiser le rendement à long-terme. Vous trouverez plus de détails dans notre article stocks surexploités, surpêchés et en reconstruction.

Dans le rapport, Oceana utilise ses propres définitions. Ils appellent les stocks qui sont surpêchés (FRMD trop élevé) “surexploité” et les stocks sous BRMD “critiques.” Aucun des stocks du top 10 de GB mis en lumière par le rapport n’est à la fois “surexploité” et “critique.” Regardez la Figure 13 du rapport à la page 56. Sur les stocks du top 10, un seul (le Cabillaud de mer du Nord) est sous BRMD (“critique” d’après la définition d’Oceana, surpêché d’après la définition scientifique) et est sur le chemin de la reconstruction puisque la pression de pêche est sous FRMD. Dire que la moitié des stocks du top 10 de la GB sont “surexploités ou dans un état critique » ne veut pas dire grand chose lorsque l’on regarde de près les définitions.

A figure showing the top 10 fish stocks in UK waters.

Les stocks de GB ont été surexploités pendant des décennies, mais avec une amélioration de la réglementation dans les années 1990, les populations de poissons ont rebondit. Depuis 2013, la production de poisson de GB a augmenté chaque année, et l’ensemble des populations de poissons est à son plus haut niveau depuis les années 1960.  

Les stocks de cabillaud de l’Atlantique Sud ne se sont pas reconstitués à la même vitesse que les autres espèces, mais ils ont montré qu’ils étaient très sensibles à la température de l’eau et ils ont migré au Nord dès que l’Océan s’est réchauffé. Les stocks de cabillaud des latitudes plus hautes sont plus robustes que pendant les décennies précédentes.

Le rapport d’Oceana a oublié de reconnaitre le progrès ou les réglementations qui fonctionnent depuis des décennies. Leur communiqué de presse a été repris par plusieurs médias de GB qui l’ont transformé en titres racoleurs qui ont frustrés les halieutes. Michel Kaiser et Paul Fernandes, deux professeurs à l’Université Heriot-Watt à Edinburgh, ont écrit à The Times pour répondre à cette couverture récente. Nous rapportons ici leurs propos pour davantage de sensibilisation (le texte original avait même conservé l’orthographe britannique):

L’article de Ben Cooke ‘Adieu tous les poissons ?’ dépend de façon importante de l’opinion d’un ancien journaliste et environnementaliste Charles Clover et d’un rapport d’Oceana. Sans surprise, la complexité derrière les chiffres est ignorée.

Il est vrai que jusqu’à la moitié des années 1990 les stocks de l’Europe du Nord étaient fréquemment pêchés à des niveaux supérieurs au conseil scientifique. Depuis des améliorations dans les conseils scientifiques, les lois, le contrôle et les ambitions politiques ont mené à une réduction des débarquements (production de la GB) qui indique une gestion efficace et une adhésion aux limites de capture. Ceci explique la hausse de la production de GB a un plus haut niveau (montré dans la figure principale de l’article, mais ignoré) qui a eu lieu depuis 2013 alors que les stocks se reconstituent. Le rapport d’Oceana oublie de mentionner que la biomasse adulte de nombreux stocks d’intérêt pour la GB sont à leur plus haut niveau depuis le début des années 1960: la biomasse adulte de plie de la mer du Nord est en ce moment juste sous le million de tonnes, deux fois le niveau nécessaire pour une exploitation durable; les adultes d’églefin de mer du Nord représentent 400,000 tonnes, également le double de la quantité durable; le merlan de mer du Nord est juste sous les 300,000 tonnes (double), le hareng de mer du Nord 1.2 million tonnes (au niveau durable), et il y a plus de 6 millions de tonnes de merlan bleu (3 fois plus), et presque 4 millions de tonnes de maquereau (1.5 million de tonnes de plus que la limite durable).  De nombreaux stocks de crevettes sont à des niveaux élevés, jusqu’à deux fois ceux nécessaires à une exploitation durable. Ces chiffres, (du Conseil International pour l’Exploration de la Mer) ne peignent pas un tableau des stocks de GB étant dans un état “critique”. L’article fait l’erreur de dire que le gouvernement de GB est responsable pour l’établissement du quota, il ne l’est pas, c’est une négociation avec l’UE et d’autres états qui définit les limites de capture.

Il n’est pas clair pourquoi les stocks de cabillaud ne se reconstituent pas dans les eaux de GB, alors que d’autres espèces similaires, comme le merlu, se sont reconstituées. Ceci est en partie du aux problèmes environnementaux (climat), puisqu’il y a des stocks de cabillaud en bonne santé et très abondants autour de l’Islande, du Groenland et de la Norvège dans des eaux plus froides plus adaptées à la physiologie du cabillaud que nos eaux qui se réchauffent. Le retour du merlu en mer du Nord a aussi pu mener à une compétition avec le cabillaud car ils se nourrissent tous deux de poissons proches du fond. Il y a maintenant plus de 200,000 tonnes de merlu adulte dans les eaux britanniques, comparé à moins de 50,000 tonnes dans les années 1990s. La mer de Clyde a une grande biomasse de poisson, particulièrement de sprat, mais il reste trop petit pour être capturé et il n’y a donc pas de pêcherie viable pour le moment. L’idée que le gouvernement de GB est trop effrayé de diminuer les opportunités de pêche est entièrement injustifié étant donné que plus de 30% des eaux de GB sont fermées par des zones protégées avec un plus haut niveau de gestion qui éliminent de façon active certains types de pêche des eaux de GB. Il semble bizarre pour The Times de présenter le point de vue d’un environnementaliste bien connu sans chercher à examiner minutieusement les preuves, ce qui ne fait qu’ajouter à la confusion du public quant à ces problèmes.

Image de Max Mossler

Max Mossler

Max is the managing editor at Sustainable Fisheries UW.

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